lundi 17 octobre 2016

Ne me dérangez pas.

《 C'était une nuit bruyante. Les branches des arbres grattait à la fenêtre. Ce sale vent sifflait à plein  régime et la pluie s'écrasait sur la façade de ma maison.
Ce soir d'halloween, là où tous les éléments se mettent en activité la nuit.
Vivement demain. Peut-être que dans la nuit suivante, ce vacarme se taiera à jamais...》


J'étais loin d'être habitué à ce bruit, ces gens qui sonnent à votre porte avec insistance, pour une poignée de friandises bon marché. Je suis tellement occupé en ce moment que cette fête m'étais complètement sortie de la tête.

J'ai toujours détesté les gamins. Et bien pire encore quand c'est le soir d'halloween.
Cela n'a l'air de rien, mais ça fait maintenant dix jours que je retape toute la maison. Entre le mur dans le garage qui part en lambeaux, toute la plomberie rouillée et autres conneries qui nous tombe sur la gueule quand on achète une antiquitée...
J'aurais finis d'ici deux ou trois ans. Et c'est sans compter les mioches dans les rues, en très grand nombre, qui m'empêche une fois de plus de travailler. Je demande juste du calme ! Rien d'autre qu'avoir la paix. Mais malgré ça, il a fallut que cette petite peste vienne pendant que je cimentais le mur du garage...

"Des bonbons ou un maléfice !  Attention, si vous n'en avez pas, je vous entererait vivant monsieur !"

Ce qui était drôle dans l'histoire, c'était qu'elle venait de me faire sourire....
Voir une si mignonne petite fille, avec tant de malice, me rappelais ces dernières années où je ne me mettais jamais en colère...
J'étais quelqu'un de calme. Sans aucune haine en moi. Cette petite phrase toute préparée de la gamine m'a remis les pendules à l'heure, ce simple condensé de mots si maladroitement prononcé...

C'était cette simple phrase qui a réveillé mon "ancien moi", qui a déterré ce côté que j'appréciais de ma personnalité, mais qui m'a valu l'appellation de "Fossoyeur" dans bon nombre de journaux...
Elle voulait "m'enterrer" ! Sacré paradoxe n'est-ce pas ?

Bon, j'ai du travail. Je termine cette petite lettre sur une note assez guillerette ! Ça rime pas des masses, mais je pense que vous saurez apprécier ce texte à sa juste valeur.


《 C'était une gamine bruyante. Ses ongles grattait contre le mur. Cette sale môme hurlait à plein poumon et ses poings s'écrasaient contre le béton.
Ce soir d'halloween, là où tous les gamins se mettent en activité la nuit.
Vivement demain, peut-être que dans la nuit suivante, cette chiarde se taiera à jamais... 》

Finalement,  les travaux dans le garage ont bien avancés.



mardi 12 avril 2016

Le monstre de la malle

Les portes grinçaient, le sol craquait, les volets claquaient...
Ce sont là, tous les détails qu'arrivait à entendre Henri.
Puis, la porte claqua.

« Putain non, ça y est le revoilà...»

Après un moment de silence, Henri colla son oreille contre le bois du coffre dans lequel il était enfermé.
Henri avait été enfermé ici quelques heures auparavant. Le coffre était apparemment très bien scellé. Le bois, quant à lui, avait l'air d'être bien trop épais. Impossible pour Henri de le fracasser avec des coups d'épaule. Le manque d’espace lui faisait défaut.
Tout était parfaitement préparé. Henri pensait qu'il avait surement été drogué à l’éther. Sa tête lui faisait mal, et impossible de se rappeler de sa journée.

« Si vous me laissez sortir d'ici, je vous donnerais tout ce que j'ai ! Je ne suis pas très riche, mais ma voiture dehors est à vous !
- Mon pauvre Henri, dit une voix grave non loin de la malle, ta voiture, si tu es dans ce coffre, m'appartient déjà. Tu as oublié ? Tout ce que tu as va m'appartenir maintenant...
- Mais qu'est-ce que je vous ai fait bon sang ?!
- Tu prives tous les gens qui t'entourent, tu oses te mettre en travers de leurs projets quand ceux-ci ne te conviennent pas. Tu n'es pas le maître du monde Henri !
- Mais putain, de quoi vous parlez ?!»

Le silence résonnait à nouveau dans la pièce. Henri, seul dans ce coffre, essayait de comprendre les dires de l'homme qui l'a enfermé.
« Ce n'est quand même pas un de mes employés...»

Henri était dirigeant d'une entreprise où l'on y fabriquait des perceuses électriques. Il lui est arrivé, à plusieurs moments, de devoir licencier un employé ou deux dans l'année. Que ce soit pour des raisons budgétaires, ou encore, par simple incompétence du concerné.
Il est vrai que Henri n'était pas toujours très honnête avec ses employés. C'était un excellent menteur. Les promesses d'embauches ou quand il disait prolongé un contrat de travail... Il est vrai que, par moment, Henri ne respectait pas ses promesses.

« Qui êtes-vous ?! Si vous venez de mon entreprise, Percy&Hole, je peux vous promettre un poste d'acier ! Une rémunération au-dessus de toute celles que vous vous êtes imaginé jusqu'à présent !
Des pas résonnaient en direction du coffre.
- Oh, alors comme ça, vous n'êtes plus pauvre ...?
- Je suis désolé... Je devais vous mentir si je voulais sortir. Mais je vous promets que cette fois-ci...
- La ferme ! coupa l'homme. Je te connais Henri, tu es un menteur, manipulateur et égocentrique. Tu es à ta place ici, pour une fois ! Alors, la ferme !»
En partant, l'homme mit un grand coup de pied dans le coffre.

Henri était au plus mal. Cet homme le connaissait, donc, impossible de lui mentir sur quoi que ce soit. Il fallait opérer autrement.

« Je fais quoi, moi, maintenant...»

Les pas résonnaient de nouveau en direction du coffre.
Henri crut percevoir d'autres bruits de pas, ceux d'une autre personne.
Le tout pour le tout, Henri tenta d'y aller au bluff. Un autre mensonge de plus.

« Je sais qui vous êtes ! J'ai reconnu votre voix. Vous ne vous en sortirez pas comme ça !
- Oh, tu sais qui je suis ? Alors que la chose que je te reproche, c'est de m'avoir jugé sans même me connaitre...
- Oui, je sais qui tu es. Si tu veux que ça s'arrête là, j'oublie tout. Mais en échange, rends-moi ma liberté.
- Tu sais qui je suis ? Alors vas-y, qui suis-je exactement ? »
Henri réfléchit durant une dizaine de seconde. Puis, il continua son bluff.
« Je sais que je ne suis pas une bonne personne, je prend des décisions qui ne sont jamais les bonnes... Ouvre-moi, discutons-en tous les deux. Je promet d'être le plus ouvert possible, et remédier aux tords que je t'ai fais... »

L'homme derrière le coffre soupira.

Henri entendit ensuite des bruits de serrures, puis des objets métallique tombant sur le sol. Surement des cadenas.
Il n'en croyait pas ses yeux... C'était trop facile. Mais il pouvait enfin avoir sa chance.

« J'espère que tu ne vas rien faire de démesuré quand j'ouvrirais le coffre, s'exclama l'homme à la voix grave.
- Tu vas voir... chuchota Henri.
Le couvercle commençait à s'ouvrir.
- J'espère, Henri, que tu as compris la leç...»

Le couvercle fut à peine levé que Henri se jeta sur son assaillant.
Il était accompagné d'une autre personne. Tous les deux étaient cagoulés.
Il commençait à marteler de coup l'homme qui n'était, bizarrement, pas armé. Ni couteau, ni matraque, rien. Henri n'eut pas le temps de se poser de questions, il frappa sur le visage de l'homme de toute ses forces.
La personne qui accompagnait l'homme cagoulé se mit à crier si fort que Henri lâcha prise et se rua sur elle. C'était une femme d'après son cri. Peu importait, ils devaient payer tous les deux.

« Regarde bien sale enfoiré, ce que je fais à ta femme »

L'homme cagoulé, au sol, ne pouvait presque plus parler. Il émettait des gémissements à peine audibles. La femme au sol, quant à elle, semblait être sonnée. K.O.

Il fit l'impensable. La chose, la plus horrible qu'un homme puisse faire... La femme au sol ne se débattait pas, à peine consciente. Dans tous les cas, tout cela ressemblait bien à Henri. Un homme instable, menteur, manipulateur et mauvais de nature...
L'homme cagoulé au sol semblait essayer de dire quelque chose pendant que Henri faisait ces atrocités à sa femme.

« Alors, enfoiré, qui est le meilleur maintenant hein ?! Qui est le meilleur ? ! Réponds ! »

Une fois terminé. Henri se leva et marcha en direction l'homme au sol.
Il mit la main sur la cagoule et se préparait à découvrir le visage de son ravisseur.

« Maintenant que j'ai sali ta vie, laisse-moi voir qui a essayé de salir la mienne...»

Il retira la cagoule d'un coup et vit un visage balafré dont il reconnut aussitôt les traits.
C'était Charles.
Les yeux de Henri furent exorbités. C'était l'ex-petit ami de sa fille.
Celui-ci essaya de parler.

« Henri...Vous... vous avez...»

Henri s'était engueulé avec Charles il y a une semaine. Il voulait qu'il rompe avec sa fille. Charles n'était pas un homme fréquentable pour lui.

« Vous venez de...»

Henri ne voulait pas qu'ils aient une relation ensemble. Charles et sa fille avaient été furieux avant de rompre...

« Vous venez de violer votre fille...»



lundi 11 avril 2016

Balade nocturne

George était assis au volant de sa voiture.
La route était sombre, sinueuse et mal éclairée. À plus de vingt heures, il était difficile d'y voir clair.
Les lampadaires étaient bel et bien présents, mais malheureusement mal placés.
Sa femme, Anne, était assise du côté passager. Sa fille, Céline, était à l'arrière.

- Donc, si nous roulons à cette heure si tardive mes chéries, c'est parce que je vous ai préparé une petite surprise.
- Où est-ce qu'on va, George ? demanda sa femme.
George lui adressa un sourire, mais resta silencieux. Il ne fallait pas gâcher cette surprise. C'était important pour lui.

Céline regardait la route de par sa vitre. Même si celle-ci ne paraissait pas curieuse de la destination au premier abord, elle finit par demander :
- On va chez mamie ?
- Non ma chérie... C'est une surprise !

Ils arrivèrent, après quelques kilomètres, devant leurs destinations.
George avait reçu déjà deux coups de fil lors du trajet et c'est en sortant de son véhicule, en prenant soin d'ouvrir les portières de sa fille et celle de sa femme, qu'il en reçut un troisième.
Il prit son téléphone en main, et lu - sans étonnement - le nom s'affichant sur l'écran.
- Lâche-moi... chuchota-t-il. Ce n'est pas terminé...
Sa femme était au-dessus de son épaule.
- Encore elle ...?
- Oui... Je mets le téléphone en vibreur. Allez, il faut que vous voyiez ça ! Suivez-moi !

Elles se doutèrent, toutes les deux, de l'endroit où George allait les amener.
Le long chemin de sable en disait long.
- Nous allons à la plage ! s’exclama George avec beaucoup de joie.
La mère et la fille s'échangèrent un regard furtif.
- Super George ! C'est une belle surprise ! mentit Anne.
- Mais papa, il fait nuit, on ne pourra pas se baigner. On va s'ennuyer...
Les paroles de sa fille lui remuèrent le ventre. Il se contenta de lui adresser un sourire en lui répondant avec une voix douce.
- C'est bien mieux la nuit, ma chérie, crois-moi. Il n'y a personne et le calme nous fera un bien fou !
Sa fille paraissait un peu déçue, mais faisait mine d'être intéressée.

Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent enfin au bord de la plage. À la vue de la lune sur la grande et longue mer sans fin, Céline eut des étoiles dans les yeux. Sa déception se muta et laissa place à l’émerveillement.
Les mains sur sa bouche, les yeux grands ouverts, elle cria :
- Regardez la lune ! Elle est super belle !
George et Anna se mirent à sourire. C'était une chose magnifique que de voir leur fille unique s’émerveiller, être heureuse, devant ce magnifique spectacle naturel.

Le téléphone vibrait encore dans la poche de George.

- On peut se baigner papa ?
- Céline, chérie, l'eau est fraîche, bien trop fraîche, pour se baigner ce soir. On va plutôt s'asseoir là et profiter un peu de la vue. Non ? L'idée ne te plait pas ?
- Si papa, je demandais juste...
- Ne t'en fait pas, coupa George, profite du paysage. Ce n’est pas souvent qu'on est réunis tous ensemble ma chérie, dit-il le sourire aux lèvres, alors profitons-en !
George sortit trois serviettes de plage et les déposa sur le sable frais, face à la mer. Anne, tenant par la taille son mari, lui demanda :
- L'idée que tu as eue est très sympathique. Quoiqu'un peu clichée... lui adressa-t-elle avec un petit sourire moqueur.
- L'essentiel c'est que l'on passe du temps ensemble, c'est tout ce que je souhaite...

Le téléphone vibrait de nouveau dans sa poche.

- C'est pas vrai... Je vais l'éteindre...
George prit le téléphone en main, celui-ci vibrait toujours. Il était à deux doigts d'éteindre le téléphone quand Anne posa ses mains sur la main de George.
- Anne ...? Pourquoi tu...
- Ne l'éteint pas, coupa Anne, laisse-le allumer.
George fixait Anne d'un air surpris. Puis, après un moment de réflexion, il baissa les yeux au sol.
- Chérie... Je ne veux plus le faire... Je ne sais pas si je dois le faire...
- Je sais. Mais je ne pense pas que ça soit une bonne idée d'ignorer tout ça... Tu le sais autant que moi...
- Papa, pourquoi tu pleures ?

Céline était là, près de George. Elle ne comprenait pas pourquoi les yeux de son papa étaient ainsi remplis de larmes.
D'un revers, il essuya ses larmes avec la manche de son pull.
Puis, avant de craquer de nouveau, il prit dans les bras les deux femmes de sa vie.
- Je suis désolé mes chéries... Je suis désolé... J'étais fatigué ce jour-là, je n'en pouvais plus, j'aurais dû...
- Arrête, George... S'il te plait. Ce n'était pas ta faute.
Il ressentait au font de lui une colère, et une tristesse immense... Sa fille, toujours dans ses bras, le fixait avec un sourire tendre.
- Je t'aime papa...
- Je t'aime George... Ne t'en veux pas, ne te détruit pas... chuchota Anne.
George ne put retenir ses larmes plus longtemps... Il craqua.

C'est après plusieurs minutes, qu'il finit par accepter. Faire ce pour quoi il est venu ici.
- Je vous aime... Mes chéries...

Le bruit de la mer était fort, mais apaisant... La torture de George était forte, mais s'apaisait...

George se tenait maintenant le visage, les genoux sur le sol, les mains baignées de larmes.
À cet instant, une nouvelle fois, le téléphone se mit à vibrer dans sa poche. Cette fois-ci, il pressa sur le bouton "répondre".
Même si cette idée le traumatisait, il devait le faire. Il ne pouvait plus continuer de vivre ce mensonge.

C'était une femme au bout du fil. Son accent, sa voix, sa façon de parler... George la connaissait très bien.
- George ? Où êtes-vous ?
Il prit une grande inspiration avant de répondre.
- Je... Je suis à la plage. Je vais rentrer chez moi...
- On devait se voir ce soir, vous avez oublié ? Vous ne devez pas...
- Elles sont parties, la coupa George.

Il y eut un long silence suite à cette annonce. Personne ne parla pendant un long moment.
Puis, la femme au bout du fil finit par prendre la parole.
- Vous...
- Je ne les vois plus...
- Je vois... C'est bien, George... Mais c'est encore trop tôt pour prétendre que vous êtes totalement sortis d'affaire... Très bien, écoutez, repassez à mon cabinet la semaine prochaine. L'accident est encore trop récent. Vous comprenez ...?
- Très bien... Je repasserais lundi matin, docteur...

Il raccrocha et fixa la longue mer. La lune projetait son reflet sur les eaux mouvantes, non loin de lui.
Il esquissa un sourire, faible, ses yeux brillaient encore.

- Je vous rejoindrais, très bientôt, mes chéries... Je vous le promets.

Puis, il repartit seul, en direction de sa voiture.






lundi 7 mars 2016

Immobile

Lorsque Wayne a ouvert les yeux, au début, ce fut le flou total.
Il se voyait, assis sur cette chaise, face à un unique écran.
La salle où il se situait était noire. La seule source de lumière, c’était cet écran qui diffusait de la neige en continu.
Son premier réflexe, essayer de bouger. Mais c’était impossible.
Il avait les bras et les jambes liés à cette chaise et était, a priori, complètement torse nu.
Mais cela était sans importance.

Que s’était-il passé ? Comment s’est-il retrouvé ici ? Serait-ce une mauvaise blague ?

Le fait de ne rien sentir ne l’inquiétait pas plus que ça, au début.
Par la suite, après moult mouvements pour se dégager, il commençait à comprendre.

« J’ai été drogué… »

Ses mouvements répétés en étaient la preuve. Il ne sentait plus rien.
La neige sur l’écran du téléviseur, lui permettait de voir d’avantage les liens qui le retenaient à cette chaise. S’il ne pouvait pas voir ses chevilles, en revanche, il voyait très bien ses poignets.
Ceux-ci semblaient rouges, trop serré par de vieilles cordes. Pourtant, Wayne ne sentit aucune douleur. À son plus grand regret.

« Quelqu’un ! S’il vous plaît ! »

Il pouvait crier le plus possible, la salle semblait ne pas faire l’écho de sa voix.
S’il ne pouvait pas voir très loin à cause du manque de lumière, il pouvait facilement constater que la salle n’était pas bien grande.
Était-ce une cave ? Un grenier ?

« Détachez-moi ! J’ai de l’argent ! »

Classique. Mensonge aussi.
Wayne ne bossait pas. En fait, il avait même plus droit au chômage.
Dormir chez des potes de ville en ville, faire du stop bien trop souvent… Ça ne pouvait pas durer.
C’est tellement facile de vivre aux crochets des autres. Il fallait bien que tout cela s’arrête un jour ou l’autre.

L’écran vira au rouge. Un rouge très sombre.

Wayne, toujours à moitié dans les vapes, se demanda pendant un instant s’il ne subissait pas une hallucination. Pendant une seconde, il crût entendre un bruit juste derrière lui.
Mais impossible de tourner la tête… Comme si quelqu’un, le forçait à fixer cet écran.
L’écran lui, diffusait du rouge en continu. Il y avait comme des formes, des mouvements sur l’écran… Mais impossible d’y comprendre quoi que ce soit.

« S’il vous plaît… Je ferais tout ce que vous voudrez… ! »

Encore un autre classique. Bien évidemment, il n’y avait aucun changement.
Le silence presque total, hormis des petits bruits venant soit de l’écran, soit de derrière lui…
Tout était trop flou… Cela était impossible de savoir l’origine exacte du bruit.
Ces bruits ressemblaient à de la vase qui s’écoule le long d’un mur.

Wayne commença donc à fixer l’écran pour essayer de comprendre.
Un écran rouge trop sombre, des bruits étranges, des formes presque imperceptibles, trop subtiles, sur l’écran… Bref, c’était un véritable casse-tête.
Pendant un instant, il lui semblait voir une légère lumière du coin de l’œil.

« Je sais que vous êtes là ! Je vous ai vu ! Aidez-moi s’il vous plaît je vous en prie ! »

Encore une fois, Wayne essaya de raisonner la personne qui se trouvait - peut-être - dans la pièce avec lui. Mais en réalité, il était impossible pour lui de savoir si c’était le cas. Il venait de voir une simple lumière qui, très franchement, a toutes les chances d’avoir été projetée par son imaginaire.
Ou alors, est-il possible que l’origine de cette lumière soit une fenêtre ?
Une fenêtre, là, juste derrière lui ?

Pour lui, le simple fait de se détacher puis essayer de marcher était impossible.
Cette drogue le sonnait beaucoup trop et rendrait, sûrement, ses mouvements impossibles. Il était envisageable pour lui d’essayer de se basculer pour se faire tomber de cette chaise pour la casser et ramper…
Mais à quoi bon ? Le risque était trop gros.
Quelqu’un est peut-être dans la pièce et ne le laisserait pas faire.

Alors, de toutes ses forces, il essaya de tourner sa tête pour voir derrière lui.
Ne serait-ce que pour apercevoir une possibilité de sortie…

La douleur dans sa nuque était telle qu’il avait l’impression d’avoir été immobile durant plusieurs jours. Il tourna, serra les dents et tenta de percevoir la moindre parcelle de lumière…

Et c’est à ce moment que l’écran vira au noir pendant un très court instant.

« C’était quoi ça ? »

Il se redressa.
L’écran diffusait de nouveau un rouge sombre. Toujours avec ces mêmes bruits étranges…
Wayne, toujours dans le gaz, n’arrivait pas à comprendre, ni même, percevoir correctement les images. Il commençait à en avoir assez.
La fatigue le gagnait.
Sa force le perdait.
Ses actions ne mèneraient à rien…
Pourquoi ne pas laisser tomber et attendre… ?

« NON ! »

Dans un dernier effort, Wayne força le plus possible sur sa nuque.
Il serra de nouveau les dents, se retenait de hurler de douleur et essaya - du coin de l’œil - de trouver cette fichue fenêtre…
L’écran vira au noir une nouvelle fois, mais il ne voulait pas arrêter ses efforts maintenant.
C’est après un très long et difficile effort qu’il parvint à voir ce qu’il y avait derrière lui.

Il y avait bien quelqu’un. Juste derrière lui.
Celui-ci portait un masque parfaitement blanc.
Il semblait tenir dans sa main une sorte de caméra.
Puis, il pointa du doigt l’écran devant Wayne.

« Regarde l’écran Wayne…
- Monsieur… S’il vous plaît, libérez-moi… Je ne me sens vraiment pas bien je crois que je vais…
- Regarde l’écran, Wayne… »

Wayne, très fatigué, essaya tant bien que mal de se redresser pour regarder droit devant lui.
Peut-être qu’en regardant l’écran, il aura droit à la liberté…

Sur l’écran, il vit l’homme au masque blanc. Celui-ci semblait rester immobile pendant un moment avant que l’image ne change.

Wayne sentait du mouvement derrière lui, mais il fit mine de ne rien entendre. Il fallait qu’il regarde la vidéo jusqu’au bout s’il voulait être libéré…

Sur la vidéo, il y avait une masse noire. Impossible à voir correctement. Une personne ?
En tout cas, la chose semblait regarder quelque chose de lumineux situé face à elle…

* Clic *

Wayne fut tout d’abord ébloui quand la lumière s’alluma dans la pièce.
Il fit un tour de salle avec les yeux sans voir quoi que ce soit de troublant…
Puis, son attention se porta de nouveau sur le téléviseur.

« Oh non ! Non mon Dieu ! »

Il se vit de dos assis sur une chaise.
Sur l’écran, la masse noire, c’était lui.
La source de lumière, c’était l’écran face à lui.

Le rouge sur l’écran, ce n’était que l’homme au masque blanc, qui s’était amusé à retirer toute la peau de son dos pour jouer avec ses organes et sa colonne vertébrale.











mercredi 2 mars 2016

Schizophrénie

Si j’écris ces mots aujourd’hui, c’est pour vous parler d’une chose qui me dérange grandement dans ma vie en ce moment. Donc j’espère que ce carnet servira aux médecins… Ou aux psychiatres… Qui sait ce qui m’arrivera par la suite.

Bon, sans plus tarder, je m’explique :

J’ai l’impression de vivre un rêve, et parfois, rêver la réalité. Pourtant, je ne suis ni schizophrène, ni même sous l’emprise d’hallucinations.
Un jour je me réveille debout, dehors, fixant le vide. Tandis que parfois, je me retrouve tout simplement dans le lit alors que l’instant d’avant j’étais en soirée.

Ce qui est étrange dans tout ça, c’est le fait que mes amis ne voient pas pourquoi je vais mal…
Pour eux, rien ne cloche. Absolument rien…
Encore hier, je me suis retrouvé dans le lit alors que je jouais un poker avec deux amis à moi.
Pendant la partie, je me suis retrouvé dans le lit.
En un éclair. Bien sûr. Donc, premier réflexe, faire comme d’habitude : demander à mes amis ce qui s’est passé.
Leur réponse était claire et nette, je n’ai pas bougé de la table, on a fini la partie, j’ai dit que j’étais fatigué et je suis parti dormir… Comment est-ce possible ? Pour moi, je ne leur ai jamais dit tout ça. Je me suis retrouvé en un éclair dans le lit comme je vous l’ai expliqué ! Je deviens fou…
C’est assez horrible de ne rien pouvoir contrôler, ne rien pouvoir faire… Et surtout, ne rien comprendre…
Personne ne peut m’aider étant donné que personne ne voit de problème. Pour eux, je ne fais rien du tout… Tout est normal.

Alors, par curiosité, j’ai décidé de prendre quelques habitudes. Tenir un carnet (celui avec lequel je vous écris actuellement, si jamais vous êtes encore plus malade mentalement que moi). Puis tout à l’heure je vais écrire, plus bas, ce que je fais de mes heures.

Exemple, le midi, repas. Je précise d’ailleurs, plus bas, ce que je mange. Ou à côté, on verra.
L’après-midi, volley. Je précise si j’ai été performant ou non. Les précisions sont un détail important… Je souhaite voir si c’est vraiment "moi" et non ma folie qui me contrôle. Voir si j’arrive à garder ce réflexe lorsque je perds le contrôle. Le réflexe d’écrire ce que je fais.

Car il faut préciser : ces absences me font parfois perdre presque huit heures de ma vie par jour !
Vous imaginez ça ? !

Bon, là je vais me coucher. Je commencerai les suivis journaliers dès huit heures demain matin.
Donc ce qui suivra en dessous de cette phrase, sera le début du planning… Pourvu que ça marche.

_______________________

- 08 : 00 - Je me réveille… Crevé. Je vais déjeuner, certainement des céréales, et aller regarder la télé.

- 09 : 00 - Toujours devant la télé. Toujours un bol de céréales à la main. Toujours crevé… Après j’pense que j’vais plonger dans la piscine. Un peu avant de manger.

- 11 : 15 - Piscine ! Je suis un peu plus réveillé. Je vais pas tarder à aller manger !

- 12 : 00 - Je commence à manger. Je me suis fait une assiette de pâtes carbo. Miam ! Bon appétit !

- 12 : 15 - esohcememalarevirratlietxetecedruetcelemonyrue

- 12 : 30 - Coucou Nico. Merci beaucoup pour

- 12 : 35 - ton nouveau corps.

- 12 : 50 - il fallait que tu fasses le lien entre toi et moi…

- 13 : 85 - et quoi de mieux pour faire le lien entre nous,

- 28 : 98 - que ce magnifique, petit…

- 66 : 66 - CARNET !

Sale merde. Sale foutue merde.
C’est trop facile de contrôler une merde comme toi. Me faire passer pour toi, pendant deux putains de semaines, juste pour mieux te prendre a servi à rien. Sale merde. Crevure.
Tu t’es offert à moi tout seul. Je vais me servir de toi. De ton foutu corps, pour qu’il pourrisse vivant, pour que tu ai la chance de voir tes jambes manquantes, tes bras pendre sur ses nerfs et ta langue tomber sur le sol. Mais avant j’aimerais tellement faire souffrir d’autres personnes… C’est une belle opportunité pour moi, tu comprends ?
C’est tellement excitant ! J’ai hâte de commencer !
En tout cas, Nicolas, faut faire attention quand on appelle les esprits.
Tu aurais jamais dû te servir de ce truc pour m’appeler. Une table, un verre et PAF !
Un nouveau copain !

Eh oui. Quand on m’appelle, moi, je viens.
Bon, je ne tiens plus. Il faut que je fasse des trucs.
Tu ne peux pas comprendre sale merde. Il faut que je te pourrisse la vie.
Mais avant de te pourrir je vais m’occuper de tes proches.

Tiens… Des larmes tombent sur le carnet. Ce sont mes yeux… ? Ahahah ! Tu pleures !
Mais tu es encore là-dessous ? ! C’est encore pire de tout voir et ne rien pouvoir faire non ?
C’est tellement drôle ! Tout ce dont tu es capable de faire dans ce corps maintenant, c’est pleurer ?
Une belle preuve de ta faiblesse. Nicolas la raclure.

Allez, j’ai envie de jouer. Pas toi ?

Par quoi vais-je commencer… Ah ! Je sais !

Donc là, tu vas tout voir. Sans rien pouvoir faire. Et tu sais ce que je vais faire ?

Non… ?

Je vais m’occuper de ta petite sœur qui est en train de dormir.


               






samedi 27 février 2016

L'ancienne foire.

Larry, Boris et Bill étaient en train de débattre depuis plus d’une heure sur l’idée du plus jeune de la bande, Will. Celui-ci cherchait l'endroit le plus effrayant et le plus insolite à visiter.

- Tu sais quoi Will ? Pour une fois je te respecte. T’as choppé des poils de couilles en trois ans !
Boris et Bill éclatèrent de rire en même temps. Bien que les dires de Larry n’étaient pas si drôles, c’était obligatoire. De véritables moutons!
- Donc pour en revenir à ton idée, tu souhaites qu’on aille au parc abandonné ? Et t’as pas peur des flics ?
- Oui c’est l’idée. Il va être détruit dans quelques jours, il doit y avoir des trucs sympas à faire là-bas ! Puis le gardien ne risque pas d’alerter les flics. Il dort toujours dans sa bagnole. Mon frère y a été plusieurs fois déjà.
Tous se regardèrent. Comme s’ils cherchaient quelqu’un dans le lot qui aurait trop la frousse de mettre les pieds dans le parc.
Peu après, Larry reprit la parole.
- OK tête d’œuf, il est bientôt l’heure de bouffer. On se retrouve tous après. Vers vingt-deux heures devant la barrière du parc. C’est cool pour tout le monde ?
Le plus gros de la bande, Boris, hocha positivement la tête. Il avait l’air de suer à grosse goûte. C’était sûrement là un signe de fatigue à cause de son surpoids plutôt que la peur d’aller dans un parc abandonné. Bill, lui, se contenta d’un petit "oui" à peine audible.
Ils quittèrent le skate parc, chacun rejoignant leur foyer respectif.

Will fut le premier à arriver devant la grande porte du parc. Il vit la voiture du gardien non loin de lui et là fixa quelques minutes sans dire un mot.
Larry fut évidemment le second à arriver sur les lieux.

- Salut tête d’œuf. Au fait dit moi, ça te dérange pas que je t’appelle comme ça hein ?
- Non… J’ai l’habitude.
- T’as pas changé… Tu te laisses trop écraser mon pote.
Will baissa les yeux. Il était impossible pour Will de s’imaginer qu’un jour, il sortirait avec eux dans un lieu comme celui-ci. Ceux qui, il y a trois ans, avaient été aussi odieux avec lui.

Des bruits de vélos retentirent non loin d’eux. Le gros Boris et Bill étaient en train de faire la course jusqu’à la barrière du parc d’attractions.
Contre toute attente, Boris arriva le premier. À croire que derrière tout ce gras se cache un peu de muscle.
Bill, essoufflé comme s’il venait de courir un marathon, regarda Boris d’un air sévère.

- Mon pneu était à plat.
Boris, ayant le torse ridiculement bombé, baissa les yeux sur les pneus du vélo de Bill.
- Je crois que tu essaies de te rassurer mon pauvre Bill. Tu es juste mauvais, admet le.
- Espèce de gros porc ! Je suis étonné que tes pneus n’aient pas explosé sur la route avec tout le poids que doit faire ton cul !
Larry se retourna si brusquement que Will sursauta.
- Chut bon sang ! Vous ne voyez pas la bagnole du gardien là-bas ? ! Continuez de hurler comme ça et je me barre sans vous ! Bande de crétins.
Will se retint de rire. Le simple fait que Larry ait hurlé pour demander d’arrêter d’hurler prouvait bien que tous les trois n’étaient pas très futés.

Après un moment de silence, ils fixèrent la grande porte. Les haies, entourant tout le parc, empêchaient à chacun de voir ce qu’il y avait derrière. De plus, le parc de nuit était presque totalement invisible. Même les plus gros manèges, une fois dans la noirceur, étaient à peine perceptibles.
Larry fut le premier à casser le silence.

- Bon, on se bouge les mecs. Poussez la porte avec moi. Il y a trop d’herbe en dessous je ne peux pas là pousser tout seul.

Tous les quatre se mirent à pousser la porte le plus fort possible. Après une petite minute d’effort, la porte fut ouverte. Will remarqua un trou assez gros en bas de la porte. Mais maintenant que l’effort était fait, que la porte est ouverte, cela importait peu de les informer là-dessus…
Derrière la porte, ce fut un spectacle visuel plutôt macabre.
Un parc d’attractions, dont la moitié des bâtiments étaient touchés par le feu. Le cricri dont les sièges paraissaient être tous au sol, un carrousel dont les chevaux à moitié fondus faisaient plus penser aux cavaliers de l’apocalypse, des bâtiments brûlés dont certains étages manquaient…
Larry n’en croyait pas ses yeux. Il regarda Will, les yeux grands ouverts.

- Comment c’est possible ça ? Tout a été touché par les flammes ? ! Bordel, c’est complètement barge. J’ai jamais vu ça de ma vie !

Will était tout autant étonné que lui. Il se souvenait encore de ce parc, il y a encore quelque mois de ça. Aujourd’hui, il est méconnaissable.

- Et bien… Il me semble avoir lu la même chose que tout le monde. Un problème électrique, une grosse chaleur, une herbe sèche et mal coupée… En gros, tout était là pour que ça devienne catastrophique. Et sans parler des pompiers qui sont à l’autre bout de la ville.
- Putain, c’est impressionnant. C’est une belle preuve que les pompiers du coin sont tous des incapables en tout cas.
Boris et Bill, eux, restaient silencieux et immobiles. Ils avaient peur, ça se voyait. Mais Bill, dans un élan de courage, prit la parole.
- Alors… C’est quoi le plan… ?
Sa voix tremblait beaucoup.

Larry regardait encore le carrousel mais Will, lui, avait les yeux fixés sur un manège un peu plus loin. Celui-ci était à peine visible, mais il connaissait les lieux.
- Si vous voulez bien me suivre, j’aimerais vous montrer le train fantôme du parc.
Pour Bill et Boris, cette annonce ressemblait à un coup de fil annonçant la mort d’un proche. Leurs yeux étaient exorbités. Boris regarda Larry. Comme s’il attendait l’approbation de celui-ci.
- Ouais on va te suivre tête d’œuf ! Le gros et le mauvais perdant, suivez-nous et ne traînez pas.

Pendant la marche, ils virent d’autres vestiges de l’ancien parc. Un ancien stand de chamboule-tout, dont la bâche claquait contre le bois du stand ; une grande roue pas plus haute que six mètres, sûrement pour enfants, dont le vent faisait encore grincer ses roulements… L’ambiance qui régnait dans le lieu était morbide. C’était justement ce que souhaitait Will.

Une fois arrivés devant le train fantôme, tous regardèrent la façade. Celle-ci, plutôt grande, représentait des statuettes de visage totalement méconnaissables. Ces visages ressemblaient d’avantages à des gens hurlants de douleur. Leurs traits fondus leur donnaient un air tellement malsain que Boris baissa les yeux aussitôt.
Larry, plutôt étonné d’un tel spectacle, n’hésita pas à commenter ce qui voyait.
- Vous avez vu ça les mecs ? Ça, ça fout la frousse ! Je suis sûr que les visages d’origines étaient tous pourris. Un peu de feu, et hop, voilà les monstres !

Après un moment à contempler ces visages morbides, Will passa devant tous les autres en direction de l’entrée du manège. Il poussa la porte et fit signe aux autres de le suivre.
- Alors, on y va ?
Les autres, hésitants au début, se mirent à le suivre ensuite.

Ils franchirent la porte tous ensemble et arrivèrent devant une pancarte. L’écriture dessus mentionnait le nom de cette pièce : "Les miroirs des monstres".
Une salle assez étroite, labyrinthique, dont les miroirs tachetés de sangs étaient plantés là, dispatché un peu partout dans la salle.
Ils visitèrent les lieux ensemble.
Après être passé devant plusieurs miroirs, tout aussi glauque les uns des autres, Boris émit un petit cri et se retourna brusquement.
- C’était quoi ça ? !
Tous se mirent à regarder Boris, son front dégoulinant de sueur, la respiration saccadée.
Larry souffla puis prit la parole.
- Écoute Boris, je sais que t’es un froussard mais…
- Arrête Larry ! J’ai vu quelque chose derrière moi ! Juste devant la porte ! Le miroir l’a reflété ! C’était une sorte de…
Bill le coupa.
- Très franchement, Boris. C’est la salle "Les miroirs des monstres" ici… C’est normal qu’il y ai des trucs dans les miroirs. C’est des effets d’optiques.
- Non putain, Bill ! J’ai vu un clown dans l’un des miroirs et il bougeait ! Il bougeait je te dis ! Juste derrière moi, devant la porte !

Pendant que Boris tournait sur lui-même, cherchant à prouver que ses yeux n’étaient pas dysfonctionnels, Larry, prit d’impatience, lui demanda sèchement :
- Bon, écoute-moi bien, Boris. Tu vas arrêter de faire ton gamin. Si tu te chies dessus, tu te barres c’est compris ? On n’a pas besoin d’un boulet ici. À peine franchie la porte que t’es déjà en train de faire dans ton froc!
Boris, dont la panique commençait à s’apaiser, fixa Larry droit dans les yeux.
- Larry, franchement, je sais que tu vas me prendre pour un fou, mais je crois qu’on n’est pas seul ici.
- Eh bien c’est parfait ! Plus on est de fous, plus on rit ! Allez, on avance.
Ils reprirent la marche. Boris, loin derrière, hésitait à faire demi-tour sans même les prévenir.

Dans le labyrinthe, tous les compagnons s’étaient cognés contre les miroirs ou encore, sursautaient en surprenant leurs propres reflets… Bref, rien d’anormal dans ce genre d’endroit.
Mais quelque chose se produisit, quelque chose d’étrange. Dans un endroit comme celui-ci, où l’électricité était inexistante, ce fut davantage plus effrayant. Dans le silence le plus total, tout près de la sortie du labyrinthe, ils entendirent un rire.
Le rire d’une personne qui se trouvait, elle aussi, dans le labyrinthe avec eux.

Ils se retournèrent tous brusquement. Le rire venait de derrière eux.
Larry, dont le visage était devenu pâle, essaya de parler.
- Vous… Vous avez entendu ça… ?
Bill regarda de droite à gauche, la bouche grande ouverte.
- Bordel, où est Boris ? !

Will se contenta de regarder la porte de sortie du labyrinthe. Celle qui mène à la pièce suivante.
- J’en sais rien… Mais le bruit venait de derrière. Si ça se trouve il essaie de nous foutre la frousse.
Larry regarda Will dans les yeux. Sa peur avait l’air de s’être transformée en colère.
- Je connais son rire au gras-double ! Et il ne ressemble pas à ça !
Il prit une grande inspiration, et hurla.
- Boris ! Ramène ton gros cul ici ! Gonzesse !
Bill lui, se contenta de regarder Will et Larry à tour de rôle.
- Larry, Will, on se barre d’ici… Vous avez tous entendu la même chose que moi non ?
Will hocha la tête. Après tout, son but était de leur faire peur. C’était réussi.
- Bon, tant pis, partons d’ici. Je vous montrerais la suite une prochaine fois.
Puis il se mit à côté de Larry pour appeler une dernière fois Boris.
Will prit une grande bouffée d’air et se mit à hurler ;
- On va bientôt sortir ! Si t’es encore dans le labyrinthe, sort de ta cachette ! Sinon tu resteras ici tout seul !

Un autre petit rire retentit dans la salle.
Will sursauta.
- Bon sang c’était tout près de nous !
Pendant un instant, le cœur de Larry arrêta de battre. Droit devant lui, il y avait un reflet.
Le reflet d’un clown.
Le masque du clown semblait brûlé, à moitié fondu. La partie supérieure de son masque semblait ne fait qu’un avec son visage… Le reste du corps était peu visible à cause de la noirceur de la salle.
- Les gars… Regardez… Devant moi dans le miroir.
Le reflet était à trois mètres de lui.
- Il ne bouge pas… Vous pensez que le reflet vient d’où ? Bill, c’est un effet d’optique tu crois ?….
Bill devint une statue tant il était tétanisé par la peur. Les larmes aux yeux, bégayant à moitié, il parla.
- C’est quoi… C’est quoi qu’il a dans la main… ?

Un long silence s’ensuivit. Il portait dans la main droite une machette. Celle-ci maculée de sang, laissais des gouttes sur le sol. Ce n’était pas un effet d’optique. La chose était bien réelle.
- Regardez son autre main… Il tient quelque chose d’autre…
Le clown avait en effet, l’air de tenir quelque chose. Mais le noir ambiant empêchait de percevoir ce que c’était.

Les enfants, tétanisés de peur, n’osaient pas bouger d’un pouce. Will regarda fixement le reflet du clown, et remarqua une chose horrible. S’il y avait un miroir en face d’eux, reflétant le clown, celui-ci ne reflétait pas leur image. Il s’approcha de Larry et lui murmura à l’oreille :
- Larry, je crois que ce n’est pas un reflet.

Larry se mit à trembler de tous ses membres. Il recula machinalement. Et là, brusquement, le clown se mit à marcher dans leur direction.
Les enfants prit de paniques se mirent à hurler et courir le plus vite possible jusqu’à la sortie du labyrinthe. Au moment de franchir la porte, le clown eut tout juste le temps de lancer quelque chose en riant de toutes ses forces. Les enfants bloquèrent ensuite la porte avant que le clown ait eu le temps d’entrer avec eux.
Larry hurla si fort que ses poumons faillirent exploser.
- Vite poussez fort bordel ! Pitié !
Bill se mit à courir dans l’ombre de la salle à la recherche d’un objet solide pour bloquer la porte. Il revient à peine quelque seconde plus tard avec une grande barre de fer.
Tous trois s’empressèrent de là coincée en bas de la porte. Après un instant de silence, ils vérifièrent que la porte était bien bloquée.
S’ensuit un long moment de récupération, tous étaient dorénavant très fatigués de leur course.

Après un long silence, les yeux rivés sur la porte, Will se tourna vers Bill et Larry.
- Il n’essaie pas d’entrer. Pourquoi ? Il n’a même pas forcé sur la porte.
Larry se tourna brusquement vers Will et hurla :
- On s’en fiche putain, Will ! T’as vu ce qu’il avait dans la main ? Une machette ! Il faut que cette porte reste bloquée sinon on est foutus ! Et dans sa main gauche… Qu’est ce que c’était ? !
- Je sais pas… Bon sang… Boris…
Bill, le dos tourné, serra le bras de Will.
- Will… C’est quoi par terre ?
Sous l’étreinte, Will se retourna et fouilla dans ses poches.
Il prit son téléphone portable et mit le flash.
Sur le sol, devant eux, il vit ce qu’il redoutait le plus.
- Non putain, c’est pas vrai… Barrons-nous d’ici vite !
Larry se retourna et regarda avec eux. Il mit immédiatement les mains sur sa bouche.
- Oh non…
La tête de Boris baignait dans son sang sur le sol.
Ils n’en croyaient pas leurs yeux… Leur camarade Boris venait d’être tué.

Bill, en pleur, le visage rouge, prit Will par la gorge et se mit à hurler :
- C’est de ta faute ! C’est toi qui as voulu nous amener ici sale enfoiré ! T’as tué Boris putain !
Will tentant de se débattre par tous les moyens, finis par essayer de résonner Bill. Lui tenant les bras pour relâcher son étreinte, il parla d’un ton sec :
- Arrête… Arrête ! C’est pas en me tuant maintenant que tu vas sauver tous le monde putain ! Ne fait pas le con Bill !
Larry, détachant ses yeux de la tête qui jonchait le sol, se tourna vers eux.
- Lâche-le Bill…
Bill faisait mine de pas entendre.
- Je t’ai dit de le lâcher !
Il mit un coup de poing au visage de Bill. Celui-ci recula sous le choc.
La main sur le visage, les yeux en larmes, Bill cria :
- C’est de sa faute si Boris est mort Larry !
- Je n’en sais rien, si c’est le cas je m’en fous, tout ce que je veux c’est qu’il reste en vie pour nous sortir d’ici vivant ! Il faut se casser d’ici !
Will, se tenant la gorge, essaya de parler :
- On… On va continuer droit devant… Le clown est sûrement derrière la porte, il faut se dépêcher.
Bill, les yeux toujours baignés de larmes, regarda Will.
- Et s’il nous attend derrière la sortie, tu y as pensé Will ? Il va nous arriver la même chose…
- On va le suivre, Bill. Et toi Will, passe devant et éclaire bien avec ton portable. Fait nous sortir d’ici vivant.

Will regarda la porte derrière lui pour s’assurer que celle-ci reste close. Puis, il baissa les yeux en direction du sol. Il retira son pull et le déposa sur la tête de Boris, tout en évitant de croiser le regard vide de celui-ci.
Ensuite, il se mit à marcher.

La salle où ils se trouvaient était assez petite. Un petit wagon se trouvait devant eux, posé sur des rails. Les rails elles, entraient dans un long tunnel. C’était l’entrée du train fantôme.
Will le regarda un moment et parla.
- On va passer par ce tunnel et suivre les rails. La sortie est forcément à l’autre bout.
Larry acquiesça.
Bill lui, ne répondit rien.

Dans le tunnel se trouvait toutes les choses que l’ont trouve dans les attractions d’horreur. Des corps ensanglantés sur le sol, des cercueils, des silhouettes qui faisaient penser à des zombies ou des vampires plus loin dans l’ombre…
Le silence était total. Seul le bruit des pas retentissait dans la salle.
Pendant un moment, les enfants se seraient presque sentis en sécurité. Will fit un tour sur lui-même, flash en main, et vit quelque chose qui le fit frissonner.
Ses yeux étaient rivés sur l’entrée loin derrière eux. Sur cette porte qu’ils avaient précédemment bloquée avec une barre en fer.
- Je ne suis pas sûr de ce que je vois…
Bill et Larry se retournèrent en même temps.
Bill prit la parole le premier.
- Qu’est ce que tu vois… ?
- J’ai l’impression que la porte est ouverte.

Ils comprirent que quelqu’un était avec eux dans cette salle. Le clown avait réussi à forcer la porte sans faire de bruit.
C’est au moment où Will eu l’idée de courir le plus vite possible que des pas se mirent à retentir partout autour d’eux. S’ensuit un rire épouvantable, puissant, à glacer le sang.
Les enfants se mirent à tourner dans tous les sens, puis par réflexe, Will se mit à courir droit devant lui.
- Vite dépêchez-vous !!
Larry se mit à hurler, son cri perça le tympan de Will juste devant.
Un hurlement, de douleur, retentit non loin derrière Will.
- Merde, c’est Bill !
Will se retourna pendant sa course et vit le clown. Celui-ci mettait de grands coups de machette sur le corps de Bill.
Bill hurla de douleur et essaya dans ses derniers retranchements d’implorer la pitié du clown.
- Pitié non ! Je vous en prie !
La jambe de Bill fut sectionnée net. Son sang, giclant sur le visage difforme du clown.
Il continuait de rire tout en s’attaquant aux bras de Bill avec beaucoup d’ardeur.

Larry, pris d’horreur, se mit à courir beaucoup plus vite droit devant lui et dépassa Will.
Will ne courait plus assez vite. Larry disparut plus loin dans l’ombre du tunnel.
Pendant sa course, Will faillit trébucher plusieurs fois. Il vit au loin la porte, la fin du tunnel. Larry lui, n’était déjà plus dans son champ de vision. Il devait être déjà loin devant, voire sortis de ce foutu tunnel. Mais Larry n’avait ni lampe torche, ni portable. Pendant un court instant, Will pensa au pire pour Larry. Et s’il se perdait ?

Les cris de Bill, loin derrière, avaient cessé net. Will comprit immédiatement que c’était terminé.
Le clown, ayant fini par achever Bill, ria si fort que Will faillit tomber sous la frayeur. Il se mit à courir beaucoup plus vite, oubliant sa fatigue, mettant sa survie en priorité.
C’est là que le clown, après avoir ri à plein poumon, se mit à courir lui aussi.
Will n’osait pas se retourner, il n’avait pas besoin, il arrivait à entendre de là où il était les pas du clown résonnant dans le tunnel. Des pas lourds et rapides.
Celui-ci courrait beaucoup trop vite. Il allait rattraper Will puis le démembrer, pour ensuite le tuer là, sur le sol…
Il fallait qu’il réussisse à rejoindre la sortie.

Piochant dans toutes les forces qu’il lui restait, il sprinta davantage plus vite. Ses jambes étaient insupportables, lourdes, douloureuses… Il n’était plus qu’à quelque pas de la sortie.
Le clown s’arrêta net au milieu du tunnel quand il vit Will franchir la porte. La porte se refermant brusquement derrière lui.

Il sentit enfin l’air sur ses joues, l’air de l’extérieur…
Il continua sa course, beaucoup plus loin, et se dirigea vers la porte en fer, l’entrée du parc.
Pendant un petit moment, il fit une pause.
Quelqu’un venait de crier. Le clown ? Larry ? Il n’arrivait pas à savoir. Mais le cri était proche.
Quelqu’un était là, non loin, derrière lui. Il fallait se mettre à l’abri.
Il sauta derrière le comptoir du chamboule-tout à proximité et s’y cacha. Faisant le moins de bruit possible.

Après quelques minutes à attendre, il vit à travers les planches du comptoir la silhouette de quelqu’un. Celui-ci traînant un corps derrière lui.
- Il a eu Larry… Putain… Il était encore dans le tunnel…
Le clown marqua un arrêt et fixa le lieu où était caché Will.
Il lâcha le corps.
Will avait oublié d’éteindre son téléphone. Le flash se voyait à travers sa poche.
Le clown, se pencha en avant, et couru si vite que Will eu du mal à comprendre ce qui se passait.
Il sortit le plus vite possible de sa planque, et se dirigea en hurlant de tous ses poumons vers la porte d’entrée du parc.

Le clown, juste derrière lui, à seulement un ou deux mètres hurlait dans un langage incompréhensible et horriblement malsain.
Des sortes de plaintes sorties tout droit des enfers.
Au moment même où il faillit saisir Will, celui-ci passa tout juste par le trou sous la porte en se laissant glisser dans l’herbe.
Le clown hurla de colère derrière la porte et se mit à frapper dessus de toutes ses forces.
Will n’avait que quelques secondes pour trouver une solution.
- Le gardien !
Dans ses derniers retranchements, dans ses dernières forces, Will parvint à atteindre la voiture du Gardien qui se trouvait non loin de là. Il toqua le plus fort possible à la fenêtre de sa voiture.
- Vite Monsieur ! Ouvrez je vous en prie !
Il n’y avait personne dans le véhicule.

Derrière Will, le clown essaya de se faufiler sous la porte de l’entrée.
Will se dépêcha d’essayer d’ouvrir la porte du véhicule. Par chance, celle-ci n’était pas verrouillée.
Il entra, referma derrière lui et fouilla à l’intérieur, cherchant de quoi se défendre.
Peut-être qu’une arme à feu se trouvait dans la boîte à gant ou sous l’un des sièges.

Rien dans la boîte à gants. Ni sous les sièges d’ailleurs.
En revanche, il remarqua quelque chose d’horrible.
Sur la plage arrière se trouvait ce qu’il redoutait le plus : plusieurs masques de clown, des matraques, une batte de Baseball et d’autres jouets…
Le gardien, c’était lui le clown.

C’est à ce moment-là que les portes de la voiture se bloquèrent.
Près du pare-brise, le clown riait.
Tenant dans ses mains, les clés de sa voiture.  







lundi 22 février 2016

Le divorce.

Allen et Alicia Reynold ne s’entendaient plus depuis déjà plusieurs années.
Les disputes, les crises de nerfs ou encore le fait de s’ignorer tout au long de la journée sont très souvent signe de rupture… Tous deux le savaient, mais que pouvaient-ils bien faire ?
Si c’était inévitable, autant y couper court le plus vite possible.
C’est après une longue discussion que, tous deux, se décidèrent enfin.
Ils divorcèrent.

La petite Ginny, âgée de six ans, était leur fille unique. Toujours souriante, rigolote, le divorce a en quelque sorte changé son attitude.
Elle est passée de l’incarnation du bonheur au croquis de la tristesse. Elle avait perdu son sourire, sa joie de vivre et surtout, ses parents.
Bien entendu, ils étaient toujours présents pour elle, mais ça ne suffisait pas. Ne voyant sans cesse que leurs bons côtés, car ils s’engueulaient très souvent en silence dans leur chambre, elle fut assez touchée par la séparation. Du coup elle savait que plus jamais elle ne reverrait les papouilles, les câlins et sourires qu’ils se faisaient tous les deux.


Deux années après leur séparation, Ginny s’était déjà habituée à cette situation.
Alicia était à nouveau en couple et voyait beaucoup moins sa fille à cause de son nouveau travail et le fait qu’elle n’habitait pas à proximité de l’école.
Allen, au début, faisait carrière en tant que cadre dans une usine dont il a été un simple employé durant quinze années. Mais, à la suite de son divorce, il n’a pas eu d’autres choix que de changer de travail. Il devait à tout prix trouver un travail près de l’école. Pour lui, voir sa fille était une priorité. N’importe quel travail lui aurait suffi.
Il devint un simple postier.

Une nouvelle journée commence pour Allen. À la poste, tout le monde livrait à l’heure sauf lui. Pour cause, sa tournée s’arrête là où la sortie des écoles commence. Difficile pour lui d’obtenir des créneaux satisfaisant. Donc, très souvent, il se dépêche de finir sa tournée.
Mais cette fois-ci, le problème était encore différent.

*Dring*

- Oui allô ?
- Allen, t’es en train de conduire ou non ?
- Oui, pourquoi Arthur ?
- Arrête-toi s’il te plaît. Ne répond plus quand tu es au volant bon sang !
- Oui, désolé monsieur.

Il se gara le plus vite et le plus prudemment possible, et s’empressa de remettre le téléphone à son oreille. Si le patron appelle durant une tournée, c’est que c’était forcément important.

- Monsieur ?
- Oui Allen. Aujourd’hui tu quittes une heure plus tôt. Ta fille a eu un petit problème, rien de grave, mais ils souhaitent que tu viennes là cherchée. Apparemment elle s’est foulé la cheville. Rien de casser, mais elle insiste pour rentrer.

Allen commençait à ressentir des sueurs froides. Bien que ça ne soit pas très grave, c’était sa petite Ginny.

- Très bien Monsieur… Je vais à son école avec la camionnette. Je dois livrer un des colis juste à côté. Ensuite je ramène le véhicule et le laisse devant notre poste.
- Non, ne livre rien du tout. Tu n’es plus au travail là. Je t’ai laissé une heure pour que tu puisses chercher ta fille. Tu as ta journée à partir de maintenant Allen.
- D’accord Monsieur.
- Bonne fin d’après-midi Allen. Laisse la camionnette une fois que t’as déposé ta fille chez ton ex-femme. Ça ne presse pas.

Il raccrocha.

Allen prit tout de même le colis sur ses genoux le temps de faire la route. Il devait le livrer, alors il le fera. De plus, cela ne lui prendrait que cinq petites minutes.

Après quelque temps sur la route, il vit enfin l’école. Pendant un instant, Allen réfléchit à cette situation. Il avait une heure devant lui. Pourquoi ne pas faire une surprise à sa fille et l’amenée là où elle le souhaite ? Il y a une foire non loin qui vient d’ouvrir, l’occasion pour lui d’avoir un peu de temps libre avec elle avant de là ramenée chez sa mère. Le fait d’avoir une heure pour faire ce qu’il voulait avec sa fille l’enchantait énormément.

Le colis sous le bras, il sortit de la camionnette et se dirigea vers l’entrée de l’école.
Le hall était vide. Il n’y avait pas la moindre trace d’instituteurs ni même d’élèves.
Où était-elle ? Il posa le colis sur une chaise et tourna en rond durant quelques minutes.

Après de longues minutes qui semblaient interminables, il vit enfin la professeur de sa fille.
Madame Eliss était toujours aussi resplendissante. Des dents parfaites, un teint légèrement foncé et surtout, des yeux bleus magnifiques… Un simple sourire couplé à son magnifique regard rendait Allen tout patois.
Sa petite Ginny, les yeux rouges de larmes, suivait le pas de son professeur. Allen eu un petit pincement au cœur en voyant sa fille pleurer.
Il avança d’un pas vers elle.

- Alors ma chérie… Qu’est-ce que tu as fait ?

Ginny tentait tant bien que mal de répondre. Elle pleurait tellement que ses mots étaient à peine perceptibles. Du coup, c’est son professeur, Madame Eliss, qui se chargea de répondre à sa place.

- Monsieur Reynold bonjour, je suis sa professeur Edwige Eliss. Nous nous sommes encore jamais rencontrés je me trompe ?
- Non, vous ne vous trompez pas. C’était ma femme qui venait chercher ma fille à l’école. Je n’ai jamais trop eu l’occasion de discuter avec vous !
- Mieux vaux tard que jamais !

Elle lança un petit sourire, irrésistible, à Allen.
Celui-ci ne su pas quoi répondre. Il avait l’impression d’être redevenu un enfant face à elle. Il perdit ses moyens et faillit bégayer.

- Oui ! Mieux vaux tard que jamais !
- En fait, votre fille a juste fait une mauvaise chute. Rien de bien méchant en soi. Mais…

Elle se rapprocha davantage de l’oreille de Allen. Cela le fit frissonner.

- Elle pleure beaucoup et a envie de voir son papa. C’est une bonne raison pour lui laisser une heure de libre je présume ?

Allen rougissait beaucoup à présent. Et à en juger par le sourire que lui a fait Madame Eliss, elle l’a sûrement remarqué.

- Oui, c’est une bonne raison Madame Eliss… Je ne là vois pas beaucoup. En fait, je ne là vois que lorsque je viens là cherchée ici… Donc très souvent, mais très peu de temps.
- Voilà qui me fait plaisir ! Allez ma petite Ginny, il faut que tu rentres avec ton papa maintenant.

Après un dernier échange de regard avec Madame Eliss, Allen emboîta le pas en direction de la sortie. Une fois franchis la barrière de l’école, il questionna sa fille.

- J’imagine que tu n’as plus mal ?
- Oui je crois… J’ai plus mal papa.
- Hum…

Peu importait. Allen avait un peu moins d’une heure en sa compagnie. Pourquoi ne pas manger une glace pour ensuite terminer à la foire qui se préparait en ville ?

- Chérie, ça te dirait une petite glace ?
- Oui ! Super !

Il prit la voiture et roula en direction du vendeur de glace préféré de Ginny.
Sur la route, il décida de s’arrêter à un bureau de tabac. Question de refaire le plein.
Allen fumait beaucoup.
Le buraliste, les yeux rivés sur l’écran de son téléviseur, faisait mine de ne pas l’avoir vu entrer.

- Monsieur, je pourrais avoir un paquet de Gauloise s’il vous plaît ?

Pas de réponses.

- Monsieur ?

Après un instant de silence, Allen regarda lui aussi la télévision pour comprendre ce qui maintenait autant le buraliste à son écran.
Apparemment, c’était assez horrible. Plusieurs morts, une vingtaine, mais dans quoi ? Un incendie ? Un accident de bus ? Une tornade ?
Il prit le temps d’écouter d’avantage.


Dix-huit enfants étaient morts dans une école. Celle-ci, soufflée par une explosion d’origine inconnue pour le moment, s’est écroulée… Ne laissant derrière elle que des amas de pierres et de bois.
Dix-huit enfants et deux enseignants seraient décédés pour le moment. Le chiffre des victimes ne faisait que grimper à chaque minute.


Allen, sans voix, se rendit compte que c’était l’école de sa fille… Dans un premier temps, heureux que celle-ci soit hors de danger, il se rendit compte d’un détail troublant. Un détail qui le suivra tout au long de sa vie.

- Non, seigneur non…

Il avait oublié le colis dans l’école.